Axe 1. Variation et changement linguistiques
Responsable : Delphine Pasques
L’intitulé « Variation et changement linguistiques » émane de l’intitulé précédent (« Systèmes, normes, usages : rôle des corpus ») : si Eugenio Coseriu est le père de la trilogie système / norme / usage, c’est également un grand théoricien de la linguistique de la variation, ainsi que de la complémentarité des approches synchronique et diachronique.
La variation linguistique pourra être étudiée en synchronie, dans ses aspects socioculturels, stylistiques ou diamésiques, ou encore diatopiques. Ce champ d’études, très investi au niveau international, se prête parfaitement à l’analyse contrastive et donc à la discussion entre les langues représentées au sein du CeLiSo. Même si le mot « corpus » n’apparaît pas dans l’intitulé d’axe proposé, le rôle des corpus est bien évidemment central : il s’agit en effet, à partir d’une approche quantitative et qualitative, de mettre en valeur la diversité des usages et/ou la coexistence entre différents usages, à caractériser dans leur rapport à la norme et dans leur rapport entre eux.
Pour ceux parmi nous qui s’intéressent au changement linguistique, quelle que soit la langue d’étude, les évolutions linguistiques pourront être envisagées, dans une diachronie courte en langue moderne, ou dans une diachronie plus longue, voire très longue – ou encore en synchronie historique, pour un éclairage sur un instant t révolu. Qu’il s’agisse de lexicalisation, de grammaticalisation, ou encore de pragmaticalisation, les corpus jouent un rôle central, puisque c’est à partir de leur analyse que l’on peut observer la co-existence de l’ancien et du nouveau, de l’usage qui recule et de celui qui s’impose.
Outre ces deux champs d’étude, à savoir la variation et le changement linguistiques, on gagnera bien sûr à interroger le rapport entre ces deux processus qui caractérisent les usages des locuteurs : les langues peuvent-elles changer sans la variation ? tout changement linguistique est-il préparé par la variation ? le changement linguistique relève-t-il d’abord d’une variation « comme les autres » ? Au niveau méthodologique, il faudra déterminer quels corpus se prêtent le mieux à l’observation de la coexistence d’usages en concurrence : une telle coexistence caractérise-t-elle tous les types de discours, ou bien certains sont-ils plus sujets aux variations ? existe-t-il des types de variation pour lesquels la co-existence d’usages en concurrence n’est jamais observable ? Enfin, on pourra ouvrir le champ de réflexion aux usages et codes non linguistiques, dans le cadre d’une approche sémiologique de la variation et du changement, avec les questions de variation et de diversification des codes, de la naissance et/ou de la disparition de codes non linguistiques.
Cet ensemble de pistes d’études, résolument ouvert, se prête parfaitement à l’analyse contrastive, et donc au dialogue entre collègues au sein du laboratoire. Toutes les envies de collaboration scientifique sont les bienvenues, quelles que soient les langues et les familles de langues.